Le professeur honoraire Gilles Eckard est décédé le 22 mars 2022, à l’âge de 73 ans. Il aura enseigné durant un quart de siècle à la Faculté des lettres et sciences humaines (FLSH) de l’Université de Neuchâtel.
Né le 4 février 1949 à Mulhouse, Gilles Eckard a fait toutes ses études en France. Reçu 4e à l’agrégation de Lettres Modernes en 1972, il est professeur dans le secondaire de 1972 à 1977, puis assistant de Georges Straka à l’Université de Strasbourg de 1977 à 1981, où il soutient, en 1980, sa thèse sur L’Antithèse sen(s)-folie dans la littérature française du Moyen Âge et devient dès l’année suivante professeur ordinaire de langue et littérature françaises du Moyen Âge à l’Université de Neuchâtel, succédant à Jean Rychner.
Gilles Eckard a fait partie de nombreuses Sociétés scientifiques et Comités de rédaction ; il a présidé la Commission philologique du Glossaire des patois de la Suisse romande, le Collegium romanicum et la branche suisse de la Société internationale arthurienne, et a intégré à deux reprises le bureau décanal de la Faculté. Il a également été l’hôte régulier des Universités de Bourgogne et de Franche-Comté.
Précises et rigoureuses, ses publications, focalisées sur des problèmes philologiques précis, mènent toujours à des considérations littéraires d’une portée considérable. Ses comptes rendus sont d’une acuité qui fait de leur lecture un complément indispensable à celle de l’ouvrage critiqué. Un volume de Mélanges lui a été dédié en 2013.
Profondément ébranlé par les polémiques internes qui ont secoué l’Université durant les premières années du XXIe siècle, Gilles Eckard dut prendre une retraite anticipée en 2008. Après une mauvaise chute en décembre 2021, il fit une embolie pulmonaire et est décédé le 22 mars dernier.
Il laisse le souvenir d’un pédagogue exceptionnel qui a su enthousiasmer les étudiants de français pour des matières parfois réputées arides. Il a inspiré à un large public l’amour des lettres médiévales, à travers un enseignement profondément humaniste dont la rigueur n’excluait pas l’humour. On mesurera son rayonnement au fait que non moins de quatre de ses élèves et assistant-e-s sont actuellement en poste dans toutes les universités romandes.
Alain Corbellari, professeur à l’Institut de littérature française