No 182, avril-mai-juin 2022

Actualité

Un aménagement du territoire plus durable grâce à l’archéologie

Territoire

Les prouesses de l’ingénierie moderne : sauvetage par l’UNESCO des temples antiques d’Abou Simbel en haute Égypte, vers 1966.
Photo Reitz/Ullstein via Getty images et Mashable.

Référence bibliographique :
Kaeser, Marc-Antoine (2022) : Archéologie et aménagement du territoire. Histoire et épistémologie de la sauvegarde du patrimoine, sous l’angle du développement durable, éd. par l’ASSH (Conférence de l’Académie XXIX / Swiss Academies Communications 17,3).
https://doi.org/10.5281/zenodo.6497747

La publication paraît comme XXIXe cahier des Conférences de l’Académie suisse des sciences humaines et sociales dans la série Swiss Academies Communications. Elle est librement accessible en ligne et des exemplaires imprimés peuvent être commandés gratuitement sous: www.sagw.ch/praeventive-archaeologie

Comment l’aménagement du territoire peut-il devenir plus durable? En intégrant les apports de l’archéologie, comme le démontre Marc-Antoine Kaeser, directeur du Laténium (NE) et professeur titulaire à l’Institut d’archéologie à l’Université de Neuchâtel, dans un essai publié par l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH).

A première vue, l’archéologie semble devoir entretenir une relation plutôt tendue avec le secteur de la construction et l’aménagement du territoire. Il existe de nombreux exemples de conflits surgis à la suite de la destruction aveugle de biens culturels par des maîtres d’ouvrage ou, à l’inverse, occasionnés par un retard coûteux de projets de construction dû à des découvertes archéologiques. Dans son essai d’environ 80 pages, Marc-Antoine Kaeser jette un regard nuancé sur la relation entre l’aménagement du territoire et l’archéologie, au-delà des cas isolés, parfois montés en épingle par les médias.

L’auteur montre que la collaboration entre les archéologues et les spécialistes du développement territorial est scientifiquement légitime et peut être extrêmement constructive. Marc-Antoine Kaeser est convaincu que c’est précisément face aux défis environnementaux actuels que la recherche archéologique doit occuper une place au cœur de l’aménagement du territoire. Un regard sur le passé permet de mieux intégrer les changements environnementaux passés et futurs dans l’aménagement du territoire, ce qui réduit le risque de commettre des erreurs de planification. Mais surtout, les découvertes de l’archéologie peuvent valoriser les espaces et leur donner un sens : elles révèlent la relation dynamique millénaire entre l’être humain et la nature. Ainsi, les vestiges d’une ferme gauloise qui se trouvait il y a 2000 ans à l’endroit même où l’on prévoit peut-être aujourd’hui la construction d’un centre commercial peuvent tout à fait enrichir ce dernier sur le plan symbolique en l’ancrant dans la profondeur de l’histoire collective. La distinction habituelle entre «culturel» et «naturel» s’estompe, et même les lieux les plus anodins se transforment en riches paysages culturels.

Dans ses réflexions, l’auteur s’appuie sur l’histoire de la pratique archéologique depuis le début des Temps modernes. Il considère que la mise en œuvre au tournant du millénaire de la Convention de Malte – qui a incité à une perception plus globale du patrimoine archéologique dans laquelle l’accent n’est pas tant mis sur l’objet ou le site de fouilles en soi que sur le patrimoine comme ressource pour la construction des connaissances sur le passé – a joué un rôle décisif sur la voie d’une nouvelle conception de l’archéologie.

Quelques mots sur l'auteur :
Marc-Antoine Kaeser est directeur du Laténium et professeur titulaire à l’Institut d’archéologie à l’Université de Neuchâtel. Il est membre du Comité de l’ASSH.



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