No 180, novembre - décembre 2021

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Hommage à André Bandelier

Hommage


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Dernier ouvrage paru :

André Bandelier (éd.), Robert Meystre. Journal de mobilisation de guerre 1914–1918,
Editions Alphil, 2021, 198 p. www.alphil.com/index.php/robert-meystre.html

Ancien professeur de l’Institut de langue et civilisation françaises (ILCF), l’historien André Bandelier est décédé le 11 décembre dernier à l’âge de 81 ans. Début novembre, il dédicaçait encore son dernier ouvrage consacré à un officier suisse du temps de la Première guerre mondiale. Loris Petris, actuel directeur de l’ILCF, rend hommage à cet homme d’une grande culture, passionné par l’histoire de sa région.

Né à Perrefitte en 1940, originaire de Sornetan et établi dès son enfance à Moutier, André James Bandelier fut d’abord instituteur dans le primaire à Champoz (1960-1962) puis enseignant dans le secondaire à Tramelan (1964-1965) et à Neuchâtel (1965-1970). Sa carrière universitaire fut d’autant plus méritoire qu’il était issu d’un milieu social très modeste.

André BandelierTitulaire d’une licence de la Faculté des lettres de l’Université de Neuchâtel en 1968, avec mention très bien (français, histoire et géographie-ethnologie) puis d’une thèse sur Porrentruy sous l’époque napoléonienne dirigée par Louis-Edouard Roulet (1980), il fut chargé de cours dès 1970 puis professeur au Séminaire de français moderne (devenu Institut de langue et civilisation françaises, ILCF), de 1976 à 2003, nommé par un arrêté du Conseil d’Etat du 8 octobre 1976. Il enseigna à la Faculté de droit et sciences économiques (1990-1995) et dirigea le Cours de vacances en 1974. Il fut aussi lecteur au Centre de linguistique appliquée de l’Université de Neuchâtel (1970-1971) et maître de conférences (1989-1990) puis professeur invité (2001) en histoire moderne à l’Université de Limoges. Il fonda enfin la section de français du Centre de formation du Bureau des services de Pékin pour les missions diplomatiques (1989). 

Historien spécialisé dans les Lumières, il édita de nombreuses correspondances, et notamment celle entre Emer de Vattel et Jean Henri Samuel Formey (2012) et celle entre Alexandre Voisard et Maurice Chappaz entre 1967 et 1972 (2010). Il s’intéressa à la présence helvétique à l’étranger (Des Suisses dans la république des lettres. Un réseau savant au temps de Frédéric le Grand, 2007) et dirigea l’édition critique des cinq volumes du Journal de ma vie de Théophile-Rémy Frêne (1993-1994) ainsi que celle des Lettres de Genève (1741-1793) à Jean Henri Samuel Formey (2010), en collaboration avec son collègue Frédéric S. Eigeldinger. De 1997 à 1999, il dirigea le projet FNS intitulé Etude d’un réseau de relations savant au XVIIIe siècle : à l’exemple des correspondants suisses du secrétaire perpétuel de l’Académie de Berlin. Réunies sous le titre Des Lumières à la Révolution : le Jura et les confins franco-helvétiques dans l’histoire (2011), ses études majeures témoignent d’un intérêt marqué pour l’histoire frontalière, l’histoire socio-culturelle et les pratiques épistolaires dans l’Europe des Lumières et au XIXe siècle, scrutées au prisme de la micro-histoire. Ces dernières années, André Bandelier livra aussi des textes plus personnels avec Tiananmen pour décor : chronique pékinoise (2009), Retour en Prévôté (2019) et tout récemment Nostalgie du voyage (2021). Début novembre, il dédicaçait encore en ville son édition du Journal de mobilisation de guerre 1914-1918 de Robert Meystre (2021).

L’investissement associatif de cet amoureux de Rimbaud fut constant, comme membre du conseil d’administration de la Société internationale d’histoire du français langue étrangère (SIHFLES, 2001-2008), animateur du Cercle d'études historiques de la Société jurassienne d’Emulation (SJE, 1970-1984) et secrétaire (1972-1980) puis vice-président (1980-1981) de la Société d’histoire et d’archéologie du canton de Neuchâtel. Il fut également trésorier de la Société suisse d’histoire économique et sociale (1985-1989), membre de l'Institut jurassien des sciences, des lettres et des arts (IJSLA), qu’il présida entre 1990 et 1996, et membre du comité puis vice-président de la Société suisse pour l’étude du XVIIIe siècle (1993-2006).

Pendant plus de trois décennies, André fut un enseignant estimé et un collègue très apprécié, généreux et discret, d’une grande probité intellectuelle et d’une humanité remarquée et remarquable. Sa grande curiosité l’amena à s’intéresser autant à l’histoire socio-culturelle des XVIIIe et XIXe siècles qu’à l’histoire régionale ou encore à la didactique du français langue étrangère. Neuchâtel perd aujourd’hui un homme dévoué et attentif à autrui, un chercheur et enseignant au service de son Université et des institutions ; un père qui est désormais parti rejoindre son fils Christian, disparu le 4 novembre dernier. 

Loris Petris, professeur, directeur de l’Institut de langue et civilisation françaises (ILCF)


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