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V. Comte, L. Schneider, P. Calanca & M. Rebetez, Effets du changement climatique sur les indices bioclimatiques dans les vignobles du lac de Neuchâtel, Suisse, Theoretical and Applied Climatology (Ed. Springer Science), oct. 2021 : bit.ly/3wxFhIP
Revue de presse
RTS La 1ère : L'impact du climat sur les vignes
Remplacer le Pinot noir par du Merlot ou planter du raisin en plus haute altitude d’ici 2050 : telles sont quelques-unes des solutions proposées par une étude de l’Université de Neuchâtel visant à permettre au vignoble neuchâtelois de s’adapter au réchauffement climatique. Les résultats scientifiques majeurs de ce projet, lancé conjointement avec la Station viticole du canton et Agroscope en 2019, ont été présentés et discutés avec le monde viticole neuchâtelois le 11 novembre 2021, à l’Aula des Jeunes-Rives.
Rapide et problématique. C’est ainsi que qualifie Valentin Comte le réchauffement climatique de Neuchâtel. Et pour cause : depuis 1970, la température moyenne de l’air a augmenté de 2 degrés, faisant passer le climat viticole du vignoble neuchâtelois de frais à intermédiaire. Les résultats de l’étude que le chercheur a menée ces trois dernières années, sous la houlette de la climatologue Martine Rebetez, «montrent qu’il reste encore un peu de marge pour les prochaines années. Mais, avec la poursuite du réchauffement, le climat qui caractérisera la région viticole neuchâteloise vers 2050 sera problématique pour les cépages les moins thermophiles, qui sont précisément les plus répandus aujourd’hui, tels que le Pinot noir et, dans une moindre mesure, le Chasselas.»
Afin d’évaluer au mieux ce qui attend la viticulture d’ici 2050 et permettre au monde viticole de mettre en place une stratégie d’adaptation, Martine Rebetez et son équipe se sont basées sur différents indices bioclimatiques pour des échéances passées, présentes et futures, en mettant à profit les nouveaux scénarios climatiques suisses et la modélisation.
Si l’étude démontre que la situation n’est pas encore critique, il est important que le monde viticole anticipe. «Les deux solutions proposées initialement, celle de l’introduction de cépages plus méridionaux, tels que le Merlot, et celle du déplacement du Pinot noir, par exemple, en altitude pour bénéficier de températures plus fraîches, sont envisageables», relève le doctorant Valentin Comte. Avec toutefois des bémols : «La première solution pose la question de la possibilité de convaincre les consommatrices et consommateurs de changer certaines habitudes pour se tourner vers des cépages plus thermophiles dans une production locale et de qualité excellente.» Quant à la deuxième proposition, elle est confrontée à la rareté des surfaces cultivables dans le canton, limitées en altitude par la forêt et la montagne. «Il faudra également que les critères politiques d’attribution du droit d’implanter des vignobles avec une visée commerciale au-dessus de 550-580 m d’altitude évoluent, poursuit le chercheur. Le climat moyen d’avril à octobre, que l’on trouve aujourd’hui à 700 m, correspond à celui que l’on trouvait il y a vingt ans à 500.»
Présentée aux viticultrices et viticulteurs neuchâtelois-e-s ce jeudi, une partie des résultats a été publiée dans la revue Theoretical and Applied Climatology. «Nous allons travailler ces prochains mois à rendre pérenne l’accès à nos résultats, avec la mise en place de cartographies et de différents outils qui pourront être consultés par les vigneronnes et vignerons», précise Valentin Comte.
Lancé en 2019 en collaboration avec la Station viticole du canton de Neuchâtel et Agroscope, la Confédération, le canton, les communes viticoles et la profession, ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme pilote 2019-2021 «Adaptation aux changements climatiques» de l’Office fédéral de l’environnement.