No 180, novembre-décembre 2021

Actualité

Bilinguisme : mieux dépister les difficultés langagières

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On recherche des volontaires
Pour pouvoir mener à bien leur projet CLaP vers les langues, les chercheuses doivent compter sur la participation de volontaires. Vous êtes parents, votre enfant, monolingue ou plurilingue, a entre 3 et 9 mois, alors cet appel vous est destiné ! Pour les parents d’enfants plus âgés, intéressés à faire participer leur progéniture à des recherches scientifiques au sujet du langage, d’autres études sont également en cours à l’Université de Neuchâtel.

Renseignements et inscriptions sur la page du Babylab : www.unine.ch/babylab


Revue de presse

RTS La 1ère : Mieux dépister les difficultés langagières des enfants bilingues

Face à des enfants bilingues présentant des difficultés langagières, les logopédistes se trouvent souvent démunis pour en mesurer la gravité. Mais deux thèses de doctorat en logopédie menées à l’Université de Neuchâtel (UniNE) viennent de proposer de nouveaux outils pour y remédier. Et pour approfondir la thématique, les logopédistes sont à la recherche de bébés âgés de 3 à 9 mois.

Chercheuses à l’Institut des sciences logopédiques de l’UniNE, Letizia Volpin et Salomé Schwob se sont intéressées à l’identification d’un trouble développemental du langage oral (TDL) chez les enfants bilingues de 5 à 8 ans. Anciennement appelé dysphasie, le TDL peut toucher à la fois la prononciation, la compréhension du langage, la construction de phrases, l’apprentissage de mots et l’utilisation du langage.

D’étiologie incertaine, le TDL concerne environ 7% des enfants, qu’ils soient monolingues ou plurilingues et plusieurs recherches ont démontré que le bilinguisme n’en est pas la cause. «Dans la pratique toutefois, relève Salomé Schwob, la tâche se complique quand il faut évaluer un enfant bilingue pour une suspicion de TDL. Comment le distinguer d’un ou une enfant qui a juste des difficultés transitoires dues à l’apprentissage d’une deuxième langue ? Il faut pouvoir mesurer la gravité des difficultés langagières dans les deux langues. Notre travail a consisté à tester des méthodes pour y parvenir.»

Salomé Schwob a ainsi pu mettre en exergue plusieurs tâches et outils, comme la répétition de non-mots ou des situations d’évaluation dynamique, qui facilitent l’identification des enfants bilingues avec TDL. «La répétition de non-mots consiste à évaluer la capacité de l’enfant à répéter des items complètement inventés, qui ne rappellent ou ne correspondent à aucun sens dans aucune des deux langues parlées par l’enfant. Quant aux situations d’évaluation dynamique, il s’agit de faire apprendre de nouveaux mots ou structures grammaticales (en racontant une histoire p. ex). On observe que les enfants sans TDL ont moins de difficultés à retenir et à restituer ces nouveaux éléments.»

Reste que la majorité des outils existants en logopédie se focalise sur les aspects structuraux de la langue (comme le vocabulaire, la grammaire, etc.). Les aspects communicatifs et interactionnels au moment de réaliser une épreuve d’évaluation langagière sont rarement pris en compte. C’est la raison qui a poussé Letizia Volpin à s’intéresser spécifiquement aux compétences interactionnelles des enfants monolingues et bilingues, avec ou sans TDL.

Les résultats de cette thèse ont révélé des spécificités au niveau des interactions propres aux bilingues, touchant par exemple à la manière d’interagir avec un interlocuteur suivant la langue utilisée. Ces observations offrent ainsi des pistes cliniques pour l’évaluation des enfants bilingues axées sur l’interaction.

Ces deux thèses s’intéressent aux enfants en âge scolaire. Mais que se passe-t-il chez les tout-petits monolingues et plurilingues, à partir du huitième mois de vie ? C’est ce que comptent maintenant étudier les deux docteures en logopédie via le projet «CLaP vers les langues» soutenu par le Fonds national et dirigé par la Prof. Katrin Skoruppa. Il se déroulera au Babylab de l’UniNE.

«L’originalité de la démarche, explique Salomé Schwob, est de mesurer périodiquement les capacités des jeunes enfants à comprendre des sons, des mots et des phrases par le biais de tâches implicites mobilisant un eye-tracker et par des questionnaires parentaux. Mais nous observons aussi leurs capacités à les produire, et à apprendre de nouvelles structures langagières, ainsi que leurs capacités de communication et d’interaction précoce au sein d’échanges parent-nourrisson/expérimentateur-nourrisson. L’objectif final est de pouvoir prédire l’acquisition ultérieure du langage et d’identifier les enfants à risque de développer des difficultés telles que le TDL, afin d’être en mesure de les soutenir aussi précocement que possible.»


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