Voilà̀ plus d’un siècle qu’à Neuchâtel est né le Glossaire des patois de la Suisse romande (GPSR). Mais quelle méthodologie a permis à ce joyau linguistique de prendre forme ? C’est avec cette question que Lorraine Fuhrer, collaboratrice scientifique du GPSR a ouvert sa conférence du 23 mars, inaugurant le premier d’une série de cinq rendez-vous grand public intitulée Chercher la langue. Invitations à un voyage historique et linguistique, ces conférences sont proposées par l’Université de Neuchâtel (UniNE) jusqu’en décembre.
Dans sa présentation, la linguiste a expliqué comment, en 1900, à une époque où la mobilité individuelle était réduite et où la communication se limitait au courrier postal et au bouche-à-oreille, Louis Gauchat, Jules Jeanjaquet et Ernest Tappolet, trois linguistes suisses, ont procédé pour documenter dans l’urgence des langues vivantes sur le déclin. La grande enquête a été réalisée par correspondance et s’est étendue sur onze ans. Elle a questionné environ 200 correspondants et correspondantes réparti-e-s sur toute la Suisse romande pour récolter aussi rapidement que possible le plus d’éléments des patois en train de disparaître.
La conférence a décrit comment ces trois linguistes ont recueilli l’intégralité du patrimoine linguistique de cette région dans le but de constituer ce que l’on peut considérer comme étant un trésor linguistique partagé : le Glossaire des patois de la Suisse romande. «Si le Glossaire est établi à Neuchâtel seulement depuis 1972, il a bien été créé dans cette même ville, précise Lorraine Fuhrer. En 1898, lors d’une séance au Château de Neuchâtel relative au futur Glossaire, les Directeurs de l’instruction publique choisissent Neuchâtel comme canton directeur de l’entreprise. Cela, pour rappeler que c’est John Clerc, chef du Département de l’instruction publique de ce canton, qui a été le premier, en 1895, à soutenir politiquement cette entreprise.»
Depuis 1899, le GPSR se veut un acteur essentiel dans la mise en valeur du patrimoine linguistique romand. Établi à Neuchâtel, il est l'un des quatre Vocabulaires nationaux de la Confédération helvétique. Tout comme ses confrères alémanique, grison et tessinois, il a pour mission de documenter le plus complètement possible les patois de son domaine linguistique et d'en faire l'analyse lexicologique. Ce travail a débouché sur un outil rendu accessible au monde scientifique et au grand public sous la forme d'un dictionnaire dialectal de grande ampleur aujourd'hui consultable en ligne :
Lorraine Fuhrer est post-doctorante et collaboratrice scientifique au Glossaire des patois de la Suisse romande et au Centre de dialectologie et d’étude du français régional de l’Université de Neuchâtel. Elle est autrice d’un manuel de consultation du Glossaire des patois de la Suisse romande (à paraître). Ses recherches portent sur les langues écrites de la Suisse romande médiévale et sur la mise en valeur d’archives patrimoniales par les moyens d’outils numériques.
Programme du cycle de conférences Chercher la langue