Professeur honoraire de physique et ancien recteur de l’Université de Neuchâtel entre 1979 et 1983, Eric Jeannet est décédé le 8 décembre dernier à l’âge de 88 ans. Trait d’Union rend hommage à l’homme de science par les mots de l’ancien Conseiller d’Etat Jean Guinand qui lui avait succédé à la tête de l’UniNE en 1983.
C’est avec émotion que nous avons appris en décembre le décès d’Eric Jeannet, professeur honoraire de la Faculté des sciences de notre Université et ancien recteur.
Né en 1932, originaire du Val-de-Travers, Eric Jeannet a fait ses études dans le vallon de St-Imier, en particulier à l’Ecole de mécanique et d’horlogerie. Entré à la Faculté des sciences de l’Université de Neuchâtel après un examen d’admission, il y obtient son diplôme de physicien. Il est ensuite l’assistant du professeur Rossel et devient docteur ès sciences en 1963 avec une thèse consacrée aux caractéristiques de l’évaporation nucléaire.
Après un stage à l’Institut de physique de l’Université de Berne, des collaborations avec le CERN et les Université de Paris et de Strasbourg, il est nommé chargé de cours à la Faculté des sciences de l’Université de Neuchâtel où il poursuit ses recherches en physique des particules.
Nommé professeur ordinaire en 1967, il est vice-recteur de 1975 à 1979, puis recteur de 1979 à 1983. Durant son rectorat, il est chargé du dossier de la construction de l’immeuble des Jeunes-Rives destiné à la Faculté des lettres.
A la fin de sa carrière universitaire, Eric Jeannet a encore pris une part active dans la création de la Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale (HESSO) et de la Haute Ecole Arc.
J’ai eu le privilège d’être, avec le professeur André Schneider, l’un de ses vice-recteurs et j’ai eu l’honneur de lui succéder en 1983.
N’étant pas physicien, je ne peux pas porter de jugement sur l’œuvre scientifique du professeur Jeannet. Je me souviens cependant de son discours rectoral où il nous avait inondés de quarks et de mésons pour nous expliquer la physique subnucléaire. Impressionnant !
Mais je garde surtout le souvenir des quatre années passées avec Eric au rectorat. Le recteur Jeannet avait le souci constant de la défense des intérêts de l’Université de Neuchâtel et de ses étudiants. Il a largement contribué à sortir l’Université de sa tour d’ivoire. Il n’a pas hésité à se mêler aux débats publics. Il a été le premier à se rendre sous la Bulle pour expliquer les enjeux universitaires.
Eric Jeannet était exigeant. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelait «le chef». Mais il était un humaniste, un homme conscient de ses responsabilités et toujours désireux de prendre en compte l’intérêt général. C’était aussi un homme juste. Je n‘ai pas souvenir d’avoir dû gérer sous son rectorat des conflits inutiles.
Eric Jeannet avait aussi le sens de l’humour. On se souvient de sa «tartine». Le physicien Jeannet expliquait les raisons qui font qu’elle tombe toujours du côté de la confiture.
Je garderai d’Eric Jeannet un souvenir ému et reconnaissant.
Jean Guinand, ancien recteur
Post-scriptum
Ironie du destin, Eric Jeannet avait présidé la cérémonie du doctorat honoris causa remis à Friedrich Dürrenmatt en 1981 et dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. Le numéro 57 de l’UniNEws lui est entièrement consacré.