En 1415, l'humaniste Benedetto da Piglio raconte son incarcération dans la Tour des prisons de Neuchâtel dans son Libellus penarum. On y revient grâce à un ouvrage élaboré sous la direction de Jean-Daniel et Christine Morerod, respectivement professeur d’histoire médiévale et chargée d’enseignement à l’Institut d’histoire de l’Université de Neuchâtel.

Le Petit livre des peines, c’est le titre d'un manuscrit de la Bibliothèque nationale d'Autriche, dû à la plume de l'humaniste Benedetto da Piglio en 1416. Une copie, unique, en a été effectuée il y a 150 ans et déposée aux Archives de l'Etat de Neuchâtel : ces pages, en effet, racontent les mois d'emprisonnement de leur auteur, retenu en otage lors de son voyage de retour du Concile de Constance, dans la Tour des prisons de la ville.

Une manière de reportage sur Neuchâtel, son gouvernement et la défense de l'ordre public mais aussi les suppliques et les recommandations au messager qui doit les transmettre aux parents et amis du malheureux prisonnier implorant qu'on lui vienne en aide et lui rende sa liberté. Le tout écrit dans le latin poétique le plus exigeant, pourtant compatible avec les mensurations de la Tour ou le compte exact des jours sans lumière.

Il a donc fallu attendre un siècle et demi pour qu'on puisse le lire, en latin et en français, grâce aux efforts conjugués de latinistes de l'Université catholique de Milan et de la Faculté des lettres et sciences humaines de Neuchâtel. C'est en quelque sorte un cadeau inattendu qu'ils font au public romand, tandis que le Libellus penarum s'apprête sans doute à devenir un classique de la littérature carcérale. Une équipe internationale s'est alors mise en place, un colloque a été organisé, et un ouvrage paru en décembre 2020 est venu couronner ces fructueuses recherches.

En savoir plus :

• Archives de l’Etat de Neuchâtel, avec bulletin de commande dans la marge