La fermeture des musées suisses pendant deux mois a été pour l’Institut d’histoire de l’art et de muséologie (IHAM) de l’Université de Neuchâtel comme une longue traversée du désert. Mais heureusement, l’exposition Nombre, Rythme, Transformation – Dialogues contemporains avec Emma Kunz, que la professeure Régine Bonnefoit et la doctorante Sara Petrucci ont préparée pendant deux ans a pu finalement ouvrir ses portes à la Kunsthalle Ziegelhütte d’Appenzell le 12 mai.
Dans l'ancienne tuilerie d'Appenzell transformée en Kunsthalle, l’exposition présente jusqu’au 25 octobre les travaux de douze artistes contemporains suisses et internationaux, mis en dialogue avec les dessins sur papier millimétré de grand format de l’artiste et radiesthésiste suisse Emma Kunz (1892 – 1963).
Née à Brittnau (AG), Emma Kunz a vécu en Appenzell de 1951 jusqu'à sa mort. Elle y a synthétisé ses recherches dans deux brochures auxquelles le titre de l'exposition fait écho. Sur plus de 400 feuilles de papier millimétré de grand format, elle a associé les volumes virtuels formés par son pendule à une méthode mathématique restée secrète pour dessiner des diagrammes qui lui permettaient de formuler des diagnostics et d'enregistrer des flux qu'elle voyait à l'œuvre dans la nature.
Les travaux des artistes contemporains suisses et internationaux présents dans l'exposition entrent en résonance avec sa vision holistique du monde et en soulignent l'actualité. Le réseau de ces correspondances qui s'opèrent dans des domaines aussi divers que la technologie, les sciences naturelles ou la cybernétique sonde notre rapport à la nature et à la culture tout en interrogeant la représentation des perceptions sensibles de notre environnement.
Le catalogue d’exposition bilingue allemand/français a été produit par la maison d’édition Steidl de Göttingen. Il contient des articles de Régine Bonnefoit, professeure à Neuchâtel d’histoire de l’art contemporain et muséologie, Dario Gamboni, professeur au Département d’histoire de l’art de l’Université de Genève, Sara Petrucci et Roland Scotti, directeur de la Kunsthalle Ziegelhütte.
Le montage de l’exposition, dont l’inauguration initiale devait se tenir le 26 avril, a été entravé par la fermeture des frontières qui a retardé le transport de certaines œuvres et du matériel technique lié à des installations. Les nouvelles mesures de distanciation sociale ont également demandé de repenser la circulation des visiteurs à laquelle la Kunsthalle a entre autres répondu en étendant ses horaires d’ouverture.
Du côté de l’IHAM, le Master en études muséales professionnalisant, qui inclut des exercices pratiques et stages dans des musées, a spécialement souffert des conséquences de la pandémie. Ainsi, l’exposition Friedrich Dürrenmatt – Caricatures à laquelle dix étudiantes de l’IHAM ont activement participé sous la direction de la professeure Régine Bonnefoit aurait dû être inaugurée au Centre Dürrenmatt Neuchâtel le 5 avril. Elle a été reportée à l’automne 2021.
Dans ces moments de crise, de nombreux musées dans le monde entier recourent au numérique pour présenter leurs expositions sous forme virtuelle. Mais l’IHAM n’a pas attendu la situation actuelle pour s’y intéresser. En 2015, l’Institut avait organisé son 8e séminaire de l’Ecole du Louvre sur Le musée à l’ère numérique. Nouveaux médias & nouvelles méthodes de médiation, dont les meilleures contributions ont paru chez Cambridge Scholars Publishing : The Museum in the Digital Age (éd. par Régine Bonnefoit et Melissa Rérat, 2017). La crise du coronavirus encourage les musées et l’IHAM à continuer leurs recherches dans cette voie.
En savoir plus :
Nombre, Rythme, Transformation. Dialogues contemporains avec Emma Kunz, Kunsthalle Ziegelhütte, Appenzell, jusqu’au 25 octobre 2020.
Avec les œuvres de :
Patxi Araujo, Tauba Auerbach, Mirjam Beerli, Vidya Gastaldon, Agnès Geoffray, Roswitha Gobbo, huber.huber, Gilles Jobin, Emma Kunz, George Steinmann, Bernard Tagwerker, Suzanne Treister et Laura Viale.
Trailer de l’exposition Conçu par Kyriakos Rontsis, sur une idée de Sara Petrucci en collaboration avec Bartek Sozanski.
Vidya Gastaldon, Healing Objects, 2019, au fond sur le mur : Emma Kunz, dessins, vers 1954 Urs Baumann/Gais
George Steinmann, The World and the Mind, 1988–2020, installation avec table, techniques mixtes, traitant de domaines thématiques tels que la géologie, l’eau minérale, la biodiversité, les jus de plantes et l’homéopathie,
800 pièces env.
Urs Baumann/Gais
Bernard Tagwerker, Sept objets, 2008/9 , fabrication additive, fusion au laser, impression 3D Urs Baumann/Gais