Si on soumet tout à la raison, notre religion n’aura rien de mystérieux et de surnaturel. Si on choque les principes de la raison, notre religion sera absurde et ridicule. Blaise Pascal, Pensées.
Cette citation traduit, sans doute, une promesse et une difficulté liées à la religion chrétienne. Or cette pensée de Blaise Pascal se prête également à la théologie pratique, qui oscille entre promesse liée aux mystères et danger né de croyances irrationnelles.
La théologie pratique, le rationnel et le raisonnable
La promesse renvoie au fait que la théologie exprime comment la vie quotidienne et les questions qu’elle pose sont éclairées à partir du centre de perspective qui est le sien, à savoir la foi en un Dieu transcendant. Ce dernier ne se laisse enfermer ni dans le langage varié des différentes médiations humaines, ni dans les mots d’une confession de foi singulière. Dieu dépasse toujours infiniment ce que nous pouvons dire et penser de Lui. Dans l’Ancien Testament, une des sources communes au christianisme et au judaïsme, l’insistance sur ce mystère fascine et engendre la crainte. Nombre de théologiennes et de théologiens praticiens qui ont pris part à la rédaction de ce volume tiennent à souligner l’écart entre ce Dieu mystérieux et le nécessaire recours à une démarche raisonnée. Dieu reste mystérieux et pourtant nous cherchons à exprimer la relation que nous avons avec Lui. Dieu reste rebelle à toute saisie englobante. Il ne s’enferme pas dans une religion fonctionnelle. Pourtant la théologie vise aussi à interroger les autres sciences humaines. Le questionnement portera en particulier sur les présupposés anthropologiques. La distorsion qui existe entre la raison technicienne et la faible prise de conscience des limites humaines mérite d’être questionnée. Lorsqu’elles confondent la fin et les moyens, les sciences occultent une réflexion sur les limites de leur validité.
La théologie pratique. Un guide méthodologique, Études théologiques et religieuses 2018/4 (Tome 93), 224 pages, Éditeur : Institut protestant de théologie, sous la direction de Félix Moser.
Félix Moser est né à Berne en 1953. Il a exercé le ministère pastoral, d’abord dans l’Eglise protestante unie de France puis dans l’Eglise réformée évangélique Neuchâteloise. Parallèlement et en confrontation avec ce travail de terrain, Félix Moser a rédigé une thèse de doctorat ; elle s’intitule Les croyants non pratiquants (Genève, Labor et Fides, 19992). De 1996 à 2015 il a enseigné la théologie pratique dans les facultés de théologie protestante de Suisse romande. Il est professeur émérite de l’Université de Neuchâtel.