Le rire est le propre de l’homme, dit-on. Mais durant les entretiens d’embauche, il est plutôt celui de la femme, à en croire Julie Brosy, chercheuse à l’IPTO (Institut de psychologie du travail et des organisations) qui vient de soutenir une thèse de doctorat à l’Université de Neuchâtel. Ses recherches montrent que, de manière générale, le rire est un phénomène qui joue un rôle important dans les entretiens d’embauche.
Spontané, souvent incontrôlable, le rire peut intervenir à tout moment dans les interactions entre individus. Du petit ricanement nerveux, exprimant la gêne, à l’éclat de franche rigolade en réaction à une bonne blague, ses degrés de manifestation sont multiples. «Il s’agissait ici d’enregistrer, puis d’étudier les rires tels qu’ils survenaient durant l’entretien. Attention toutefois à ne pas confondre rires et humour. Si les deux vont parfois de pair, le rire reflète également d’autres aspects que l’humour», nuance la chercheuse.
Dans les interactions sociales en général, différentes études montrent que le rire est un outil utilisé pour réguler une interaction entre plusieurs personnes et instaurer un climat agréable. «Le rire invite souvent les autres participants à le partager, précise Julie Brosy. Il constitue ainsi un moyen efficace de rapprocher les gens et de réduire les barrières de statut ou de genre. Les femmes étant plus sensibles à la régulation de l’interaction, elles produisent à ce titre plus de rires et sont aussi plus enclines à partager les rires que les hommes.»
Le rire constitue également un moyen d’avancer dans l’interaction. Il reflète l’accord des participants de passer à une autre phase des échanges. Dans le cas des entretiens d’embauche, il peut s’agir de la transition entre la phase d’accueil du candidat par le recruteur à celle qui invite le candidat à se présenter.
Dans l’un des articles de sa thèse, Julie Brosy a documenté les épisodes de rire, quelle que soit leur nature, survenus dans 80 entretiens réels d’embauche, une démarche peu explorée jusqu’à présent. Au-delà de la question du genre, elle montre que les rires sont davantage produits par un candidat ou une candidate que par les personnes chargées du recrutement. Enfin, le rire a également une influence sur les résultats de l’entretien. Plus il y a d’épisodes de rire partagés initiés par les recruteurs, plus l’évaluation du candidat est positive. En ce sens, partager le rire des recruteurs constitue pour les candidats une excellente manière de faire bonne impression.
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