La doctorante en logopédie de l’Université de Neuchâtel Julie Bodard développe une méthodologie unique en son genre pour comprendre nos premiers pas dans la construction des phrases. Mais pour y parvenir, il faut des volontaires. Si vous êtes parents de jeunes enfants ayant vu le jour entre le 15 mai et 15 novembre 2018, alors cet appel s’adresse à vous ! Accompagnez votre bambin dans des expériences à la fois ludiques, non invasives et utiles à la science, toutes approuvées par une commission d’éthique.
«Le projet s’intéresse aux mécanismes sous-tendant l’acquisition précoce du langage oral, et plus particulièrement aux capacités à détecter les régularités de la langue de manière involontaire et inconsciente», indique Julie Bodard. En pratique, cela passe par la capacité à distinguer des mots dans un flot continu de paroles. Si on entend par exemple «jolicheval», combien d’enfants comprendront «joli cheval» plutôt que «jo liche val» ? Dans un autre volet, on traque aussi les incohérences dans les accords du verbe, comme la faculté pour l’enfant de percevoir quelque chose d’inhabituel quand il entend «le garçon lisent».
Dans ce projet du Babylab, les volontaires en couche-culotte participent à 4 ou 5 rencontres, à raison d’une tous les six mois. Les expériences durent entre 5 et 10 minutes chacune. Lors des premières phases, la petite fille ou le petit garçon, en position assise sur les genoux de son parent, est face à un écran où se déroule une action avec une bande-son qui l’accompagne. Il convient en effet d’associer les stimuli auditifs à des animations visuelles car, à cet âge-là, l’écoute est indissociable du besoin de regarder quelque part. L’écran est ainsi équipé d’une caméra infrarouge (eye tracker), afin de mesurer les périodes d’attention de l’enfant.
«Les stimuli auditifs sont dans un premier temps des petites «phrases» de quelques syllabes dans des langages inventés, par exemple ‘na puv timon’, illustre Julie Bodard. Pour réaliser les tests, on s’appuie sur différentes animations (dont des extraits du dessin animé Pocoyo). L’ensemble de la recherche porte sur les liens entre les capacités précoces à détecter des régularités langagières entre 18 et 24 mois, et le développement du langage jusqu’à 3 ans.»
Les expériences prendront fin en novembre 2021. Outre l’objectif de comprendre la façon dont apparaissent la perception et la formulation du langage, cette recherche pourrait contribuer à la création de nouveaux outils de dépistage précoce de troubles langagiers.
Revue de presse