Près d’une personne sur deux venant de l’étranger étudier dans une institution d’enseignement supérieur helvétique prolonge son séjour en vue de trouver un emploi correspondant à la formation acquise. C’est le principal constat d’une étude du « nccr – on the move », une parmi la vingtaine de projets de longue haleine qui constituent ce pôle de recherche national sur la mobilité et la migration piloté par l’Université de Neuchâtel. Le « nccr – on the move » qui vient de célébrer ses quatre premières années d’activité pour lesquelles il avait reçu un soutien de 17,2 millions de francs du Fonds national suisse de la recherche scientifique, entame dès à présent sa deuxième phase d’activité de quatre ans.
La mobilité internationale des étudiants prend de l’ampleur. Au niveau mondial, on évalue à cinq millions le nombre de personnes poursuivant en 2015 des études ailleurs que dans leur pays d’origine, un chiffre qui a doublé par rapport à l’an 2000, selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Avec un effectif de 33'000 correspondant à une part de 17% de population estudiantine venant de l’étranger, la Suisse se place sur le podium des destinations favorites pour la mobilité étudiante internationale, derrière la Nouvelle-Zélande (21%) et la Grande-Bretagne (18%). Son attractivité peut s’expliquer par l’offre d’un excellent système d’éducation tertiaire à un prix relativement bas comparé à d’autres pays. Commerce et administration, arts, sciences sociales, et ingénierie sont les domaines d’étude les plus prisés par les étudiants internationaux dans notre pays.
«Près d’une personne sur quatre fréquentant une université ou une haute école en Suisse a suivi une formation secondaire (niveau maturité) à l’étranger. Ces étudiantes et étudiants sont tôt ou tard confrontés au choix de leur lieu de résidence et de travail. En clair : repartir de la Suisse ou y rester», constate Annique Lombard, géographe qui achève un doctorat sur l’ISM (International Students Mobility) à l’Université de Neuchâtel sous la direction des professeurs Etienne Piguet et Yvonne Riaño.
«De tous les étudiants internationaux diplômés au niveau master en 2012 en Suisse, près de la moitié était toujours en Suisse deux ans après l’obtention du diplôme», poursuit la doctorante. Soixante-neuf pour cent de ceux-ci viennent de l’Union européenne ou de l’AELE, au bénéfice de la libre circulation des personnes. Quant aux autres ressortissants, ils ont prolongé leur séjour à différents titres et certains ont pu bénéficier d’un assouplissement de la loi pour le séjour des étudiants étrangers.
Dès 2011 en effet, le parlement suisse, adoptant une initiative du conseiller national Jacques Neyrinck, autorise les étudiantes et étudiants des Etats tiers de rester en Suisse six mois après l’obtention de leur titre universitaire pour y trouver un emploi correspondant à leurs qualifications. La condition préalable est que cet emploi présente un intérêt scientifique ou économique élevé pour la Suisse.
«Le fait qu’environ la moitié des diplômés internationaux reste en Suisse montre à quel point le marché du travail helvétique bénéficie d’un apport de compétences utiles de la part des étudiants internationaux accueillis dans les différentes institutions d’enseignement supérieur, conclut Annique Lombard. Quant à celles et ceux qui retournent dans leur pays d’origine, ils y rapportent des compétences précieuses. Il faut s’en réjouir, car même si la mobilité doit être encouragée, l’exode des cerveaux est à éviter. C’est vers un équilibre entre ces différents objectifs que doit tendre la politique d’accueil des étudiants internationaux.» Annique Lombard se prêtera à l’exercice de présenter sa thèse en en trois minutes chrono, au côté de six autres jeunes chercheuses et chercheurs, durant la journée du «nccr – on the move» du 29 juin.
En savoir plus: nccr-onthemove.ch