Histoires et usages des plantes psychotropes est un ouvrage interdisciplinaire réunissant seize auteur-e-s, spécialistes internationaux reconnu-e-s, venant de disciplines aussi variées que l’archéologie, la psychologie, la philosophie, la chimie et la biologie, sans oublier bien sûr l’anthropologie. Cet ouvrage de référence est le fruit de la collaboration entre l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel et le Jardin botanique de Neuchâtel. Il a paru aux éditions Imago (Paris), avec le soutien du Jardin botanique. Il est édité sous la direction de Sébastien Baud, ethnologue chargé de recherche à l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel et à l’Institut français d’études andines (Lima, Pérou).
Une réflexion anthropologique sur des plantes aux noms évocateurs
Vigne, pomme épineuse ou stramoine, cannabis, armoise, yopo, trompette des anges, ayahuasca, tabac, etc., sont classés, selon les sociétés et les choix narratifs de chacun, comme agents vénéneux, hallucinogènes, stupéfiants ou enthéogènes. Le présent ouvrage sur les plantes psychotropes rassemble, sans parti pris, des réflexions anthropologiques sur les conditions et les enjeux contemporains d’usages séculaires, adaptés et/ou nouveaux dans plusieurs contextes.
Dans seize articles très documentés, les auteur-e-s analysent rencontres et découvertes historiques et modernes, individuelles et collectives. Ils rendent compte de multiples regards : celui de personnes en quête d’expériences intérieures, de neuroscientifiques, d’ascètes hindous, de guérisseurs sud-africains ou de chamans amérindiens. Ils mènent une anthropologie des logiques déployées par les personnes impliquées et des processus producteurs du sens de soi dans les mondes autochtones ou d’une singularité (sociale, cultuelle) dans des sociétés complexes.
Les chercheuses et chercheurs proposent de saisir, sans en faire l’apologie, et dans une continuité enrichissante avec un premier volume (paru aux éditions Imago, en 2010), des pensées du végétal et de la relation que l’être humain entretient, individuellement et collectivement, avec lui.
Une collaboration avec le Jardin botanique de Neuchâtel
«Bien évidemment, l’intérêt majeur des anthropologues pour les plantes psychotropes n’est pas une affaire de botanique. Elle s’inscrit dans la partie mystique de l’humanité, celle qui joue avec notre état de conscience, nous ouvrant ainsi à un monde caché. Ne pas vouloir le connaître réduit notre histoire.». Dans la préface, Blaise Mulhauser explicite la nécessité d’un tel ouvrage sur les rapports entre l’être humain et les psychotropes. Si chimie et botanique nous aident à faire le tri dans les connaissances techniques des plantes qui sont utilisées à des fins d’altération de la conscience, ces disciplines ne suffisent toutefois pas pour en expliquer l’attrait qui se développe aujourd’hui auprès d’une partie de la population. En outre, au cœur du livre, en collaboration avec Elodie Gaille, conservatrice en ethnobotanique de l’institution, le directeur du Jardin botanique de Neuchâtel signe un article sur l’histoire européenne de l’usage des psychotropes.