La Société neuchâteloise des sciences naturelles (SNSN) vient de publier son 137e Bulletin annuel aux Editions Alphil, le premier réalisé sous la rédaction en chef du botaniste Jason Grant, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Neuchâtel. Un nouveau genre d’étoile de mer identifié sur un fossile par Louis Agassiz et découvert dans des documents oubliés, un herbier du XVIIIe siècle sur les vertus médicinales des plantes ou encore l’incroyable biodiversité des champignons de la forêt neuchâteloise figurent au sommaire de ce recueil de 328 pages.
Edité depuis 1832, le Bulletin de la SNSN rassemble une fois par an des études scientifiques portant sur la faune, la flore et la géologie de la région, réalisées principalement par des membres du Muséum d'histoire naturelle de Neuchâtel ou de l’Université de Neuchâtel. Interdisciplinaire, la revue regroupe des articles sur les sciences naturelles au sens large, ainsi que sur l’histoire des sciences.
En témoigne l’article sur ce fossile ramené en 1834 de Maastricht aux Pays-Bas par le géologue Louis Agassiz. Celui-ci fait dessiner l’étoile de mer qui y est piégée à sa femme, persuadé qu’il s’agit d’un nouveau genre et d’une nouvelle espèce qu’il baptisera
Coelaster couloni. Mais ce dessin et les notes qui l’accompagnent tombent dans l’oubli jusqu’à leur redécouverte en 2015. L’examen du document confirme près de deux siècles plus tard l’intuition du célèbre géologue, à savoir que cette espèce n’appartient pas aux
Asterias, le genre d’étoile de mer le plus répandu, et que Coelaster couloni trouve son synonyme actuel dans une nomenclature de 2005 :
Aldebarania taberna.
Autre article remarquable : l’herbier d’Abraham Gagnebin (1707-1800), médecin et naturaliste. Ses descriptions des vertus pour la santé (prétendues ou avérées) de 420 plantes conservées dans son herbier (qui en totalisait plusieurs milliers) témoignent de la passion du savant à mettre en évidence les propriétés des végétaux pour soigner les hommes et les bêtes. On apprend ainsi que, selon Abraham Gagnebin, «le thym est capable de rétablir l’Esprit animal qui nous fait vivre». Cet herbier fait partie d’un important dépôt du Musée d’histoire naturelle de La Chaux-de-Fonds aux herbiers de l’Université de Neuchâtel.
Quant au mycologue neuchâtelois contemporain Jean Keller, il détaille un recensement de champignons lignivores (poussant sur les arbres) effectué entre 2009 et 2014 dans le canton de Neuchâtel. Au cours de ce travail minutieux, chaque kilomètre carré de forêt a été au moins visité une fois. Résultat ? Cent quarante pages de descriptions, agrémentées de nombreuses photos des 501 espèces répertoriées et dont 90% n’ont jamais été signalées auparavant sur le territoire cantonal !
L’ouvrage se termine par un vibrant hommage rendu au professeur honoraire décédé il y a deux ans André Aeschlimann (1929-2016), avant tout connu pour ses travaux sur les maladies véhiculées par les tiques. Un scientifique hors normes qui avait sillonné le monde et occupé les postes de professeur, directeur d’Institut, de doyen de la Faculté des sciences, puis vice-recteur à l’Université de Neuchâtel.
Référence : Bulletin de la Société neuchâteloise des sciences naturelles. Tome 137, 2017, 328 p.
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