No 144, août - septembre 2017

Université

Veillissement: nouveau test pour dépister les troubles du langage

Vieillissement

Une équipe de l’Université de Neuchâtel a participé à la mise au point d’un nouveau test de dépistage rapide des troubles du langage liés aux pathologies du vieillissement. Développé par des scientifiques francophones du Canada, de France, de Belgique et de Suisse, cet outil constitue une première du genre. Destiné spécifiquement aux médecins, il permet en cinq minutes de dépister la présence de difficultés langagières chez des personnes âgées se plaignant de perturbations cognitives.

D’ici 2050, le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans devrait doubler pour atteindre quelque deux milliards à l’échelle mondiale. Cette évolution entraînera inévitablement une augmentation des cas de démences, des pathologies susceptibles d’altérer les capacités langagières. D’où l’importance de pouvoir détecter ces dysfonctionnements suffisamment tôt.

Destiné aux praticiens en contact direct avec des personnes âgées (gériatres, neurologues, psychiatres ou médecins de famille), le nouveau test est né sous l’impulsion du professeur Joël Macoir, spécialiste des troubles du langage à l’Université Laval (Québec, Canada). Autour de lui s’est constitué un collectif de six scientifiques en logopédie et neuropsychologie de quatre régions francophones du globe. Ces spécialistes ont uni leurs forces pour développer un test rapide de dépistage des troubles du langage. Le DTLA*, c’est son abréviation, n’existe pour l’instant qu’en français. Il a été validé dans quatre pays francophones.

Membre du collectif, Marion Fossard est professeure en logopédie à l’Université de Neuchâtel. Elle souligne toute l’importance du DTLA. «C’est vraiment une première du genre ! A l’heure actuelle, il n’existe aucun test de dépistage pouvant être utilisé en pratique clinique courante pour évaluer rapidement les troubles du langage associés au vieillissement pathologique». Les autres examens de dépistage rapide utilisés en clinique comme le MMSE (Mini Mental State Examination) ou le MOCA (Montreal Cognitive Assessment) se concentrent surtout sur les troubles de la mémoire, principale caractéristique de la maladie d’Alzheimer.

Or les autres domaines cognitifs comme le langage sont peu ou moins considérés, surtout chez les individus frappés de démence dont le nombre doublerait tous les 20 ans. Il passerait ainsi de 35,6 millions en 2010 à 65,7 millions en 2030 pour atteindre 115,4 millions en 2050. La démence touche tous les domaines de la cognition. Elle se traduit non seulement par des pertes de mémoire, mais aussi par une altération des capacités visuo-spatiales, de la maîtrise des gestes, de la reconnaissance des objets et des sons, et par des perturbations de la pensée.

«On voit ainsi que les troubles de la mémoire ne sont plus aujourd’hui le seul apanage des syndromes démentiels», souligne Marion Fossard. Le langage et ses perturbations deviennent de véritables marqueurs de maladies neurodégénératives.

Pourtant, il n’existe pas aujourd’hui d’outils spécifiques d’évaluation du langage dans ce cadre-là. Ce projet vise à y remédier. Le DTLA comprend neuf épreuves courtes explorant différents sous-domaines langagiers spécifiquement touchés dans les pathologies neurodégénératives (répétition de mots ou de phrases, lecture et écriture de mots, dénomination d’images, compréhension de phrases, etc.). Il permet de se prononcer sur la nécessité d’une évaluation plus complète des fonctions langagières et cognitives.

Les chercheurs espèrent une mise en œuvre généralisée du DTLA dans les centres mémoire des hôpitaux d’ici un à deux ans. ________________________________________

* DTLA : Detection Test for Language impairments in Adults and the Aged (Test de dépistage de troubles du langage chez les adultes et les personnes âgées)

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