Pourquoi les jeunes femmes en couple acceptent-elles d’avoir des relations sexuelles avec leur partenaire même si elles n’en ont pas envie ? C’est la question à laquelle tente de répondre une étudiante en sociologie de l’Université de Neuchâtel qui vient de présenter son mémoire de master intitulé Le couple, la sexualité et l’amour ; l’expérience des relations sexuelles consentantes sans désir des femmes à l’aube de leur vie amoureuse.
Pendant longtemps, le couple n’a été reconnu qu’au travers du mariage hétérosexuel monogame. La fin des années 1960 constitue une période de changements durant laquelle l’institution du mariage s’affaiblit et les couples libres deviennent de plus en plus fréquents. La sexualité gagne également en importance dans la vie des individus, mais se pratique encore majoritairement au sein du couple hétérosexuel monogame. Cette forme de couple implique d’une part une binarité de genre (homme-femme) posant la question de l’ordre des genres dans les sociétés patriarcales et d’autre part, l’exclusivité sexuelle entre les partenaires découlant sur la question de la symétrie des désirs au sein du couple.
À travers ce travail, l’auteure du mémoire, Mélanie Riggenbach, a cherché à comprendre ce qu’il se passait au sein des couples lorsque la symétrie des désirs entre les partenaires se distançait. Elle s’est particulièrement intéressée aux premières expériences de couples de femmes entre vingt et trente ans, ayant eu des relations sexuelles consentantes sans désir. À travers leurs discours, elle a souhaité comprendre la manière dont elles faisaient sens des asymétries de désir sexuel existant au sein de leur couple et le processus qui les poussait à consentir à des rapports sexuels dont elles n’avaient pas envie.
Pas de couple sans sexe
En bref, ses résultats montrent que la sexualité est une composante centrale de la relation de couple hétérosexuel monogame, autant dans les représentations des participantes que dans leurs expériences. Cette importance de la sexualité au sein du couple influence le consentement aux relations sexuelles lorsque le désir des répondantes est défini comme trop faible ou inexistant, mais également lorsque la demande du conjoint est contraignante.
Ainsi, le couple n’est jamais envisagé sans sexualité et pour le maintenir dans le temps, les participantes ont des relations sexuelles indépendamment de leur envie sexuelle, ce qu’elles n’avaient jamais envisagé et dont elles n’avaient même jamais entendu parlé. Mélanie Riggenbach relève en effet que ce sujet est tabou et qu’il est très peu thématisé.
Revue de presse: