Le Jardin botanique de Neuchâtel a inauguré la nouvelle mouture du secteur des rocailles. Après deux années de travaux de réaménagement, la collection de plantes alpines est désormais riche de 400 espèces de huit chaînes de montagne, de la péninsule ibérique au Caucase. Baptisé «Alpinum Claude Favarger» ce nouvel espace rend hommage au botaniste Claude Favarger, directeur de l’Institut de botanique de 1946 à 1983 et recteur de l’Université de Neuchâtel entre 1965 et 1967.

La collection de plantes alpines a été rassemblée par Jérémy Tritz, responsable de cette nouvelle exposition permanente. Afin de s’assurer de la cohésion de l’ensemble présenté, le jardinier-botaniste a dû contrôler les espèces déjà présentes dans les rocailles, mais dont certaines s’étaient déplacées au fil des ans ! Une fois le contrôle botanique effectué, les collections ont été complétées grâce à l’aide d’autres jardins botaniques de Suisse tels que celui de Champex ou de Berne. Les Conservatoire et Jardin botaniques de Genève ont offert un lot d’une quarantaine d’espèces du Caucase dévolu au nouvel espace présentant la flore exceptionnelle de cette chaîne de montagne faisant limite avec l’Asie.

Un bout d’Afrique sur le Cervin
Les plates-bandes sont accompagnées de huit vitrines dans lesquelles sont présentées les montagnes d’Europe. Une carte en relief du bassin méditerranéen permet de se rendre compte de l’importance des régions de haute montagne sur le continent : Sierra Nevada, Pyrénées, Alpes, Apennins, Carpates, Balkans, Caucase. Une parcelle est dévolue à nos montagnes locales de la chaîne du Jura. C’est aussi l’occasion pour les visiteurs de parfaire leurs connaissances géographiques en replaçant la végétation dans un contexte à la fois régional et continental. Dans ce domaine, la géologie a son importance. Par exemple, saviez-vous que la Corse et la Sardaigne font partie de la plaque ibérique ; elle-même détachée de la plaque nord-américaine il y a des dizaines de millions d’années ? Ou encore qu’un petit bout d’Afrique émerge du Cervin ? Chaque promeneur pourra ainsi s’amuser à découvrir quelques particularités de notre continent : le mont Blanc est-il le plus haut sommet d’Europe ? Comment sont nées les Pyrénées ? Y a-t-il des roches cristallines dans les Carpates ?

Une flore fragile
La présentation de plantes alpines dans un jardin botanique de plaine est un pari risqué. Elle est toutefois nécessaire pour sensibiliser le public à la fragilité de cette végétation unique. Sur un total de 22’000 espèces du bassin méditerranéen, la moitié ne se retrouve nulle part ailleurs dans le monde. L’endémisme est surtout important dans les zones de haute altitude, refuge pour des espèces adaptées aux milieux froids. Face à la menace du réchauffement climatique, beaucoup d’espèces ne sont maintenant présentes qu’à proximité des sommets et des crêtes. Ces zones, recherchées par les alpinistes et les randonneurs de haute montagne, sont fortement menacées par le piétinement et l’érosion des sols.

Claude Faverger, directeur de l'Institut de botanique de 1946 à 1983 et recteur de l'Université de Neuchâtel entre 1965 et 1967.