L’Université de Neuchâtel (UniNE) a décroché près de 600'000 francs du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) pour entreprendre une étude sur les liens sociaux des primates. En comparant le comportement de singes et de jeunes enfants humains dans des situations de jeu ou de conflits, les chercheurs s’intéressent à l’origine des codes qui régissent ces interactions.
Réunissant les compétences d’Adrian Bangerter, professeur de psychologie spécialisé dans les interactions sociales et celles du Laboratoire de cognition comparée dirigé par le primatologue Klaus Zuberbühler, l’étude s’intéresse aux origines de la capacité des humains à interagir spontanément entre eux. Durant l’évolution, l’humanité a en effet subi une transition sociale majeure : celle qui l’a vu passer d’une nature individualiste et compétitive vers un comportement plus coopératif, axé sur le groupe, et préparant le terrain pour l'avènement du langage.
«Pour mieux comprendre cette évolution, nous nous proposons d’étudier les capacités d'action conjointe de nos proches parents, les chimpanzés et les bonobos, et de les comparer avec celles que développent des groupes d’enfants humains», explique Adrian Bangerter. Car s’organiser pour pratiquer une activité sociale spontanée, comme un jeu, implique l’existence de rituels qui en marquent le début, la continuation et la fin.
Les scientifiques vont observer des activités pertinentes pour chaque groupe étudié. Toilettage, activité sexuelle, et jeu de chasse pour les singes. Jeux et disputes pour les jeunes enfants, observés dans des garderies. «Notre étude se concentre sur les signaux échangés pour coordonner l'entrée, l'entretien et la sortie de ces actions conjointes», note le psychologue.
La façon dont les enfants humains s'engagent dans un jeu ou, au contraire, entrent en conflit pour des jouets, permettra de cerner par quels moyens ils décident d'entrer, de maintenir et de sortir de ces activités. Et de voir comment ces rituels sont affectés par le développement des capacités linguistiques entre l’âge de trois et quatre ans.
L’objectif est d’observer les ressemblances entre les grands singes et les jeunes enfants non seulement dans l’engagement d’actions de coopération, mais aussi dans celui d’actions de compétition comme la lutte pour des objets convoités.
Les résultats du projet qui prendra fin en août 2019 permettront de jeter un nouveau regard sur les processus cognitifs et communicatifs qui, au cours de la sélection naturelle, ont façonné les aspects clés de ce qui fait la spécificité des communautés humaines en matière de coopération sociale.
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