No 192, octobre 2023

Publications

De l’espionnage russe en Suisse entre 1914 et 1917

Couverture

Dans un ouvrage très fouillé, Fritz Stoeckli, ancien professeur de l’Université de Neuchâtel, révèle des suites à L’affaire des colonels, premier ouvrage publié en 2020, épisode qui fit trembler la diplomatie suisse au cœur de la Première Guerre mondiale. Des documents du renseignement russe, auxquels l’auteur a pu avoir accès, ont permis d’éclairer d’une lumière nouvelle cette période.

Durant la Grande Guerre, la Suisse a été une plateforme pour tous les belligérants qui, profitant de sa neutralité et de sa situation géographique, y ont installé des bases pour leur espionnage et contre-espionnage. Les activités des services français, allemands et autrichiens sont bien connues, contrairement à celles de la Russie. Ce pays avait également choisi d’espionner depuis la Suisse, mais le manque d’information a retardé les recherches à ce sujet. Cependant, des documents inédits réunis au cours de ces dernières années, provenant des archives russes, ont permis de lever le voile sur ces activités.

L’auteur décrit d’abord le contexte général de l’espionnage russe en Europe, très cloisonné et coûteux, puis il présente plus en détail l’espionnage russe depuis la Suisse. En 1916-1917, on y trouve 15 organisations et sous-organisations, contre cinq aux Pays-Bas et au Danemark. Elles dépendent du colonel Pavel Ignatiev, arrivé à Paris en décembre 1915, où il bénéficie d’un appui important des Français.

Simultanément, l’attaché militaire russe à Berne, le général Golovan, dirige de manière autonome des agents actifs en Autriche-Hongrie et sur ses fronts principaux (Russie, Italie et Balkans). L’examen d’un dossier de 78 dépêches transmises à Petrograd entre septembre 1915 et juillet 1916, conservées dans les archives russes, révèle que la moitié des informations sont correctes, mais d’un intérêt très limité, tandis que le reste est erroné ou ne peut pas être vérifié. Cette faiblesse de l’espionnage russe sur le terrain, assez générale et reconnue par le commandement de l’armée, n’a été corrigée que quelques mois avant l’armistice germano-russe de décembre 1917. Le bilan de 1914 à 1917 est par conséquent assez mitigé.

Fritz Stoeckli est originaire de Zurich et Yverdon, a été professeur à l’Institut de physique de l’Université de Neuchâtel et commandant d’une brigade frontière. Membre étranger du centre d’études soviétiques de la Royal Military Academy Sandhurst (1984-1993) et conférencier au Staff College Camberley, il est l’auteur de travaux sur les opérations de l’armée soviétique de la Seconde Guerre mondiale à la fin de la Guerre froide. Il a été membre du comité de la Commission suisse d’histoire et de sciences militaires/ASHSM (1991-2007), puis membre du bureau de la Commission internationale d’histoire militaire de 2005 à 2015. En 2010, l’École Royale Militaire de Belgique a décerné au Brigadier Stoeckli le titre de docteur honoris causa pour ses travaux. En 2020, l’auteur avait publié chez Slatkine L’Affaire des colonels. 1915-1916. Révélations des archives.

Référence bibliographique
Fritz Stoeckli, Espionnage russe depuis la Suisse, 1914-1917. Les dépêches du général Golovan, Editions Slatkine, coll. Etudes historiques, 190 pages, 2023.
www.slatkine.com


logo
Bureau presse et promotion
Fbg de l'Hôpital 41
2000 Neuchâtel
bureau.presse@unine.ch
facebook
twitter
youtube
linkedin
linkedin