No 148, février 2018

Université

Smart cities: la conquête des villes du Sud

Smart city

La smart city, ou ville intelligente, se définit par l’optimisation, au moyen des nouvelles technologies, des flux qui la font vivre (trafic public et privé, eau, énergie, etc.). Mais comment le concept de smart city s’applique-t-il dans les métropoles des pays émergents ? L’Université de Neuchâtel et le King’s College de Londres cherchent des réponses en Inde et en Afrique du Sud. Leur projet regroupe des spécialistes en Suisse, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et à Singapour. Démarré en début d’année, il a reçu un soutien de 624 000 francs du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) pour une durée de trois ans.

«Depuis quelques années, le modèle de la smart city est devenu l’un des modèles, si ce n’est le modèle de développement urbain dominant à l’échelle mondiale, observe Ola Söderström, professeur de géographie à l’Université de Neuchâtel et initiateur du projet. On sait cependant peu de choses sur les conséquences de ce modèle dans les villes du Sud. Et notamment à propos de ses impacts sur les priorités des municipalités et les mouvements sociaux, de contestation notamment, qu’il est susceptible de provoquer. C'est cette lacune que nous cherchons à combler au travers de ce projet d’envergure internationale.»

Aujourd’hui, la prolifération de capteurs dans les villes et dans les smartphones produit de très nombreuses données. Associées et analysées par des algorithmes, celles-ci permettent de contrôler des tâches aussi différentes que le trafic, la consommation d’énergie, l’arrosage des pelouses ou des manifestations politiques. Ces technologies offrent des avantages, comme elles posent des problèmes, notamment de protection de la vie privée. Dans les régions du Sud de la planète, plus encore qu’au Nord, on se trouve aussi confronté à des arbitrages délicats en matière de définition des priorités.

Dans certaines de ces régions, peut-on par exemple investir dans l’installation de fibres optiques pour améliorer les connexions à internet, alors que l’accès à l’eau n’est pas garanti ? «Je pense ici au Cap, en Afrique du Sud, illustre le professeur de géographie. Le 12 avril prochain, elle sera la première métropole du monde à se déclarer en crise hydrique aiguë. Il est dans ce cas plus urgent d’investir dans des infrastructures de base, puisque les technologies ‘smart‘ ne peuvent fournir qu’une solution très partielle au problème.»

Le projet de recherche consistera tout d’abord en une enquête systématique sur le développement des smart cities en Inde et en Afrique du Sud, deux pays où ce phénomène est important. «Le premier ministre indien Narendra Modi a ainsi lancé en 2015 le projet de réaliser dans son pays 100 smart cities, poursuit Ola Söderström. Soit en construisant des villes nouvelles autour des nouvelles technologies, soit en transformant des villes existantes.»

Au cours d’une seconde phase, la recherche se focalisera sur trois villes de chaque pays, qui se distinguent par les différents stratégies et débats publics en matière de smart city qui s’y déroulent. L'objectif sera de comparer à la fois les stratégies municipales et les formes de mobilisation sociale autour de la ville intelligente. Les résultats contribueront à mieux saisir les risques et les opportunités de ce modèle et, plus généralement, à mieux comprendre son rôle dans les politiques urbaines contemporaines.

Revue de presse


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