No 140, mars 2017

Université

Archéologie: des bactéries contre la rouille

Rouille
Lamiot CC BY-SA 3.0 wikimedia.org

Une souche spécifique de bactéries a permis de protéger des clous en fer datant de la période romaine tardive (IIIe s. ap. J.C.). Cette nouvelle méthode de traitement a été développée par des chimistes et microbiologistes de l’Université de Neuchâtel. Elle s’avère plus rapide et moins polluante que les substances anticorrosion utilisées actuellement pour la conservation et la restauration d’objets anciens en fer. Ces résultats sont publiés dans la revue Applied and Environmental Microbiology.

Lorsque des vestiges archéologiques en fer sont retirés du lieu où ils ont séjourné parfois durant des siècles, ils sont entourés d’une épaisse couche de dépôts et de rouille qui les rend méconnaissables. Pour révéler à nouveau leur forme originelle, ils subissent un nettoyage qui met la surface originale à nu. A partir de ce moment, les objets s’exposent à de sérieux risques d’oxydation et il faut à tout prix les protéger.

D’où l’importance de la découverte neuchâteloise, élaborée au sein du Laboratoire de microbiologie de l’Institut de biologie, où Edith Joseph, principal auteur de cette recherche, était boursière Ambizione FNS entre 2013 et 2016.

Pour développer la méthode, Edith Joseph a bénéficié des compétences de Pilar Junier, professeure de microbiologie à l’Université de Neuchâtel et co-responsable de l’article. C’est elle qui a suggéré d’utiliser Desulfitobacterium hafiense, une bactérie qui vit en l’absence d’oxygène et se «nourrit» de fer. L’application, comme l’illustre la microbiologiste, rappelle la caramélisation : les bactéries forment une couche protectrice sur le fer qui empêche la surface de s’oxyder.

Moins polluant, le traitement bactérien se révèle aussi plus rapide que les bains de soude utilisés usuellement pour protéger le fer. «Quelques jours à peine suffisent pour traiter un objet», précise Edith Joseph. Alors que pour de grosses pièces comme des canons sortis de la mer, la dessalaison peut prendre plusieurs années. Avec les bactéries, la durée de traitement reste la même indépendamment de la taille de l’objet et ce, sans aucune production de déchets toxiques, puisque les microorganismes ne sont pas jetés après utilisation. De plus, il s’agit d’une souche non pathogène pour les humains, ce qui élimine tout risque pour la santé.

A ce jour, une dizaine de clous anciens a servi d’échantillons de démonstration. Le projet continue au sein d’une nouvelle unité de l’Université de Neuchâtel, le laboratoire de technologies pour les matériaux du patrimoine (LATHEMA) dirigé par Edith Joseph, récemment nommée professeure assistante FNS à l’Institut de chimie. Fruits d’une collaboration entre les instituts de biologie et de chimie, ces travaux annoncent un avenir prometteur pour le développement de la recherche interdisciplinaire au sein de l’Université de Neuchâtel.

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