Un Master en ethnomusicologie unique en Suisse verra le jour en septembre. Il sera lancé par les universités de Genève (UNIGE) et Neuchâtel (UniNE) ainsi que par la HES-SO Haute école spécialisée de Suisse occidentale, représentée par sa Haute école de musique de Genève (HEM – Genève). Les initiateurs de cette formation entendent répondre au besoin croissant de spécialistes des musiques non-occidentales.

 

Ce cursus en ethnomusicologie s’adressera à un public composé de profils variés : des musiciens et musiciennes qui souhaitent élargir leur répertoire et développer une réflexion théorique sur leur art, des musicologues à la recherche de nouveaux horizons musicaux et désireux de disposer d’options de carrière émergentes, ainsi que des ethnologues qui s’intéressent au rôle de la musique dans la société et aux impacts de la mondialisation culturelle.

 

Les cours seront répartis sur les sites neuchâtelois et genevois, avec un fort accent théorique lors de la première année. En deuxième année, les nombreux contacts internationaux des établissements partenaires donneront l’opportunité de faire un stage professionnalisant dans des institutions culturelles, des ensembles musicaux en Suisse ou à l’étranger (Chine, Inde et Asie centrale) ou des organisations patrimoniales. Il sera également possible de réaliser un travail ethnographique de terrain, selon l’orientation choisie.

 

Trois spécialisations complémentaires
Chacune des institutions partenaires apportera ses compétences spécifiques. «A Neuchâtel, on a enseigné l’ethnomusicologie de manière continue pendant ces 50 dernières années, même lorsque cette spécialité était en recul ailleurs. Il est donc normal que nous nous soyons enthousiasmés pour ce projet commun qui nous permettra de mettre en valeur et développer notre offre de cours», se réjouit Yann Laville, chargé d’enseignement à l’Institut d’ethnologie de l’UniNE et conservateur adjoint du Musée d’ethnographie.

 

En tant que coordinateur de l’enseignement à la HEM – Genève, Xavier Bouvier relève la double opportunité offerte par l’ouverture de cette filière : «Nous pourrons d’une part consolider nos activités d’enseignement et de recherche en lien avec les musiques non-occidentales et celles qui sont de tradition orale. D’autre part cela permettra aux personnes qui participeront au cursus d’investir de nouveaux champs de réflexion sur les aspects sociétaux, rituels, identitaires ou culturels de leur propre pratique.»

 

Ulrich Mosch, professeur ordinaire de musicologie à l’UNIGE, rappelle quant à lui la longue tradition des recherches ethnomusicologiques au sein du Musée d'ethnographie de Genève depuis 1948, date de l’installation en ville du folkloriste roumain Constantin Brailoiu. «Avec la rénovation du musée et sa réouverture en novembre 2014, tout concourait parfaitement pour relancer une telle filière unique en Suisse.»

 

Besoin accru de spécialistes
Les personnes qui obtiendront le Master en ethnomusicologie bénéficieront d’une double articulation pratique et réflexive acquise durant leurs études. Des compétences musicales seront par conséquent nécessaires pour suivre cette formation. Parmi les débouchés professionnels, on peut mentionner l’enseignement, les métiers de la culture (création artistique, organisation d’événements, conservation et mise en valeur patrimoniale, édition musicale), le journalisme culturel, la recherche ainsi que les projets de coopération et d’aide au développement intégrant des volets culturels.

 

Selon Yann Laville, «l’intérêt pour ce qu’on appelle communément les musiques du monde a explosé depuis une vingtaine d’années. On a vraiment besoin de spécialistes pour étudier, diffuser et conserver ce patrimoine.»