Avec la disparition d’André Gendre, survenue le 20 février, l’Université de Neuchâtel perd une figure éminente de savant et de pédagogue qui aura largement contribué à son rayonnement, en Suisse comme à l’étranger.
Enfant de La Chaux-de-Fonds, André Gendre y est né le 1er octobre 1935 et y a effectué ses études secondaires, avant d’obtenir sa licence, puis son doctorat à l’Université de Neuchâtel en 1970. Son parcours de formation l’a aussi conduit en Sorbonne, entre 1959 et 1962. André Gendre a par la suite transmis son grand savoir avec beaucoup de talent et de générosité, tout d’abord à l’Ecole secondaire et au Gymnase de La Chaux-de-Fonds (1962-1967), puis au Séminaire de français moderne pour étudiants de langue étrangère (1965-1971) et à l’Institut de littérature française de l’Université de Neuchâtel, où il a occupé la chaire de littérature française des XVIe et XVIIe siècles en qualité de professeur assistant (1971-1977), puis de professeur ordinaire, de 1977 à 2000. Il a également enseigné à l’Université de Bâle en qualité de professeur invité.
André Gendre laisse des travaux critiques qui font de lui l’un des meilleurs spécialistes de la poésie du XVIe siècle, notamment de la poésie de Ronsard dont il a admirablement souligné la force et la subtilité dans des pages aussi savantes que limpides. Mentionnons, entre autres, Ronsard, poète de la conquête amoureuse (Neuchâtel, La Baconnière, 1970), L’Esthétique de Ronsard (Paris, Sedes, 1997), ainsi que l’édition critique des Amours et des Folastries (Paris, Le Livre de poche, 1993). L’attention minutieuse portée par André Gendre au vers, à ses exigences et à ses ressources expressives, trouve également à s’illustrer dans un ouvrage de référence consacré à l’histoire du sonnet (Evolution du sonnet français, Paris, PUF, 1996). La diversité de ses intérêts se reflète par ailleurs dans les publications et les enseignements qu’il a consacrés à des auteurs français et suisses romands des XIXe et XXe siècles, tels que Baudelaire, Rimbaud, Monique Saint-Hélier, Pierre Chappuis et Pierre Oster.
André Gendre s’est également investi sans compter dans la vie institutionnelle, au sein de l’Université et dans la Cité. Il a notamment exercé la fonction de Doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines (1981-1983), présidé le Sénat de l’Université, la commission des Cahiers de l’Institut neuchâtelois, ainsi que le Conseil de fondation de la Maison suisse, à la Cité universitaire de Paris. Ses qualités humaines, unanimement appréciées, ont marqué la vie des institutions au sein desquelles il a œuvré, ainsi que celles et ceux qui l’ont côtoyé et qui garderont de lui le souvenir d’une personnalité ouverte et attachante.
Jean-Pierre van Elslande, professeur de littérature française à l’Université de Neuchâtel